LE SUDES AVERTIT LE DR ALOYSE DIOUF : « Le Pr Seydi est sous l’autorité du recteur de l’université et non du ministre »

En visite à Ziguinchor la semaine dernière, le professeur Seydi avait en effet dénoncé la faiblesse du plateau médical dans la capitale sud du pays. Cette sortie publique n’avait pas été du goût du docteur Aloyse Diouf selon qui ces genres de choses ne doivent pas être dites en public. Prenant fait et cause pour leur collègue, les membres du syndicat des enseignants du Sénégal/section université (SUDES/ESR) ont crié leur indignation face à la réponse du Docteur Diouf qu’ils considèrent comme « (une) expression malheureuse et contraire à tout esprit de bonne gouvernance et de reddition des comptes ».
Et, comme pour avertir le directeur de cabinet du ministre, le SUDES/ESR s’est voulu on ne plus ferme. « Toute attaque contre le Professeur Seydi est une attaque contre l’Université et les libertés qui la fondent. Au lieu de se demander comment il était possible qu’un service de réanimation ne fût pas construit selon les normes, au lieu de se demander comment le marché pour ce service de réanimation a été passé et comment il a été possible qu’un tel service de réanimation fût réceptionné, il a préféré gourmander le Professeur Seydi en lui reprochant de ne pas ‘laver le linge sale en famille », écrit le syndicat dans un communiqué rendu public ce mercredi 29 avril.
Rappelant que les médecins hospitaliers universitaires « ne reçoivent pas d’ordre du ministre et ne sont pas soumis à une quelconque obligation de réserve », le SUDES/ESR précise que ces dernier sont sous l’autorité du recteur de leur Université. « Certains postes dans les centres hospitaliers universitaires sont rattachés à certains statuts universitaires. En tant que titulaire de la chaire de Maladies Infectieuses, le Professeur Seydi est ipso facto Chef du service des maladies infectieuses de Fann. L’université le choisit. Le ministre ne fait qu’entériner un choix dans lequel sa compétence est liée », précise encore le texte.
Fort de ce constat, le SUDES/EST rappelle encore : «Le Professeur Seydi a des devoirs non pas envers une administration mais envers la Vérité et la Science. Ces devoirs et surtout son droit à s’exprimer plus librement que n’importe quel administratif, sont garantis par la loi N° 94-79 du 24 novembre 1994 relative aux franchises et libertés universitaires ».
Très en verve, les membres du syndicats des enseignants du supérieur se disent indignés du fait que le docteur Aloyse Diouf « se soit permis de se montrer aussi peu respectueux de ses devoirs de haut fonctionnaire qui doit scrupuleusement respecter la loi et veiller à préserver les libertés académiques qu’elle consacre ». « Ces libertés garantissent d’ailleurs la validité des diplômes du Dr Diouf », rappellent-ils avant de poursuivre, « si le Dr Diouf éprouve, malgré la crise que nous vivons, le besoin de discipliner ses subordonnés, nous lui suggérons de mener l’enquête pour savoir comment la situation constatée par le Pr Seydi a pu se produire dans des structures dépendant d’un ministère où il occupe un poste si éminent ».
Interrogé sur cette affaire, dans le plateau de « Face à Pape Alé », le ministre de la santé et de l’action sociale a quant à lui, tempéré les ardeurs estimant que le Pr Seydi est « très respecté ». « Il ne faut pas amener les choses là où elles ne sont pas. Le professeur Seydi est un élément du ministère de la Santé et il est un membre éminent du dispositif. Il est d’ailleurs un membre privilégié en termes de confiance et de conseils dans ses rapports avec le ministère. Alors il ne faut pas qu’on nous présente des choses qui n’existent pas », a dit Abdoulaye Diouf Sarr.
N’esquivez pas la question Mr le ministre et répondez sans détours à la question sur le constat que le professeur Seydi a fait. Comment on en est arrivé à cette situation? J’espère seulement que des malfrats n’ont pas encore détournés les fonds qui y étaient alloués.