
Le procureur de la République informe avoir confié l’ouverture d’une information judiciaire, sur le rapport de la gestion des fonds destinés à la lutte contre la Covid-19, à la Division des investigations criminelles (Dic). A la suite de cette nouvelle, la société civile qui a réagi en adoptant une attitude de scepticisme reste mobilisée pour que cette affaire soit diligentée et les coupables traduits en justice.
Le procureur de la République annonce l’ouverture d’enquêtes sur des cas présumés de « corruption et d’abus de fonction » dans la gestion de fonds -Covid-19. Cela fait suite au tollé général suscité par la publication du rapport de la Cour des comptes sur ce scandale. Selon un communiqué du parquet rendu public ce lundi, l’analyse des informations contenues dans ce rapport fait présumer « de potentiels violations de la loi et l’existence d’infractions pénales notamment des atteintes aux derniers ».
Amady Diouf rappelle, par ailleurs, que « des enquêtes de patrimoine devraient être judicieusement engagées par les enquêteurs dans le sens de faciliter le recouvrement des avoirs et de tracer au besoin les produits du crime dès lors qu’il est établi que les ressources du Fonds de riposte proviennent des réajustements du budget de l’Etat, de contributions volontaires motivées par l’élan de solidarité des citoyens et du concours des partenaires techniques et financiers ». En dépit de cette annonce du parquet, la société civile ne décolère pas. « Cela fait un mois jour pour jour, après la grande manifestation du collectif, le gouvernement du Sénégal a invité la société civile. Lors de cette rencontre, le gouvernement avait pris des engagements qui vont dans le sens de faire ce qu’il faut pour que très vite, la justice sénégalaise puisse apporter une réponse aux recommandations de la Cour des comptes.
Donc le gouvernement avait pris des engagements, mais un mois après, on se rend compte que c’est au point mort, ça ne bouge pas », indique Aliou Sané, coordonnateur dudit collectif (voir par ailleurs). Nous n’accepterons pas qu’on nous jette de la poudre aux yeux. Nous allons continuer d’être vigilants sur cette lutte, parce qu’il n’est pas question que ce rapport de la Cour des comptes connaisse le même destin que tous les autres rapports qui dorment dans des tiroirs. Nous sommes déterminés pour que ce qui doit être fait se fasse. Mais aussi pour que la justice, pour une fois, fasse son travail. Nous voulons que ceux qui doivent être arrêtés le soient même si ce sont des ministres et qu’on ne jette pas tout sur le dos des fonctionnaires », prévient ce dernier.
Quant à Birahim Seck, coordonnateur forum civil, section sénégalaise de Transparency internationale, il dit prendre acte en attendant les mesures administratives. Il précise, dans la foulée, que cette sortie du parquet prouve nettement « qu’il n’était pas nécessaire pour le gouvernement, à travers le premier ministre, le ministre des affaires étrangères et de celui de la justice de s’essayer à toutes ces exercices d’explications inutiles autour du rapport ». Le fondateur d’Africajom Center qui a également réagi à cette nouvelle, a semblé dire que cela relevait du vœu pieux: « juger des membres du gouvernement ou des membres de la mouvance présidentielle est un vieux défi de notre pays, en dépit de l’existence des organes de lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance : IGE, CC, ARMP, OFNAC. Que la montagne du Procureur, n’accouche pas d’une souris », soutient-il avec un brin d’espoir.