
Ce mercredi 9 novembre sonnera la fin officielle de l’opération Barkhane au Sahel. Le président Macron est attendu dans un discours qui l’officialisera. Neuf ans après, Barkhane disparait ainsi de la carte sécuritaire du Sahel. Un départ qui pourrait renforcer l’idée de l’effondrement de la « domination » française sur les autres partenaires africains : Moscou notamment.
« Ce n’est plus à la France de parler au nom du Mali. (…) Désormais le Mali traitera de façon bilatérale et multilatérale avec tous les autres Etats sans intermédiaire. Ce n’est pas seulement une question de dénonciation du traité de coopération militaire entre les deux pays. Mais il s’agira pour la France de renoncer à son titre d’intermédiaire qui lui permettait de parler au nom du Mali ». Ce « préambule », lu en décembre dernier par le vice-président de la commission défense et sécurité du conseil national de transition, sonnait le début de la fin de la « coopération » militaire entre Paris et Bamako. Les autorités maliennes de la transition avaient ainsi donné le ton dès leur prise du pouvoir. Piqué au vif, le président français décida de laver cet affront. D’une manière ou d’une autre. Début février : un premier contingent français quitte le navire malien. Le reste suivra 6 mois plus tard. A la mi-août, les militaires déployés dans le cadre de l’opération Barkhane quittaient définitivement Gao. « Le 15 août 2022, la dernière emprise militaire française au Mali a été transférée au forces armées maliennes (FAMa). Ces dernières disposent d’un site qui leur permet de s’installer sans délai pour poursuivre leur combat contre les groupes armés terroristes », signait le général de division Bruno Baratz qui venait à peine de s’installer à tête du commandement Barkhane.
Depuis cette date, le désamour grandit entre Paris et Bamako sur fond d’accusations et de contre-accusations. Le Mali ira même jusqu’à demander au Conseil de sécurité de l’Onu une réunion d’urgence pour faire cesser ce qu’il présente comme des actes d’agression de la France qui « soutient les groupes jihadistes ». Des accusations graves formellement démenties par Paris. Aujourd’hui, le président français sera sans doute interrogé sur ces accusations encore actuelles – elles ont été réitérées à Dakar où, lors du Forum sur la paix (24-25 octobre 2022), le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a vertement répondu à la secrétaire d’Etat française chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, qui accusait Bamako de privilégier sa survie au détriment de lutte contre le terrorisme. Aucune réaction officielle ne pouvait certes émaner des autorités sénégalaises « arbitres » malgré elles de cette passe d’armes qui se poursuivait dans la capitale sénégalaise.
Mais, le président Macky Sall avait déjà donné le ton en commentant cette nouvelle tournure de la coopération sécuritaire entre la France et l’Afrique en générale. Le chef de l’Etat sénégalais qui partait du postulat d’une « situation nouvelle » disait « comprendre la décision prise » par Paris de ne pas poursuivre l’intervention militaire sur le théâtre malien. « Nous souhaitons ardemment poursuivre avec nos partenaires européens les efforts solidaires déjà engagés de longue date que nous avons toujours salués, en particulier la présence française au Mali », ajoutait le président en exercice de l’union africaine. Macky Sall pensait sans doute à une sortie de crise imminente ; il ne sera pas servi ! Pire encore, aujourd’hui, plus que jamais, Paris devra faire avec la nouvelle philosophie sécuritaire exprimée par Bamako et, dans une moindre mesure, par les nouvelles autorités burkinabè : l’ouverture à tous les partenaires possibles. En attendant, la région continue de faire face à la menace jihadiste qui de plus en plus, gagne du terrain et hante le sommeil des populations civiles. Le discours de Macron de ce jour est ainsi très attendu pour définir les nouvelles zones de « compétence territoriale » de la France dans la coopération militaire avec les pays qui « accepteront » de cheminer avec elle dans la lutte antidjihadiste. Un combat qui sera sans merci et sans préjudice de celui que Paris devra mener contre cette opinion publique africaine de plus en plus hostile.