
L’ombre de Kadhafi a plané sur la capitale française ce week-end A l’occasion de la 5e édition du Forum de Paris sur la paix (10,11 et 12 novembre), le président Emmanuel Macron n’a pu s’empêcher de froisser la mine face aux vérités crues assénées par son homologue bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló sur la mort du guide libyen Mouammar Kadhafi, assassiné en octobre 2011.
Le défunt président Idriss Déby réclamait « un service après-vente » en Libye, le voilà servi à titre posthume. Six ans après sa réponse à Sarkozy – qui refusait les leçons de l’histoire –, c’est le président Embaló, qui vient remuer le couteau dans cette plaie encore béante de l’impérialisme et de ses fâcheuses conséquences au Sahel, où le désordre sécuritaire épouse les contours d’une croissance exponentielle depuis la mort de Kadhafi. Devant Emmanuel Macron et un parterre d’invités, le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) n’a pas hésité à asséner ses vérités sur la regrettable mort du président Mouammar Kadhafi.
« Non il ne s’agit pas d’un sentiment antifrançais en Afrique de l’ouest…Le problème de la Lybie a causé des conséquences graves pour le Mali, le Burkina, le Niger. Kadhafi était un mal nécessaire pour son peuple ; Saddam Hussein était aussi un mal nécessaire pour son peuple. Le peuple vivait bien sous leurs régimes » », dit-il en fixant les yeux hagards d’un Macron à la fois surpris et gêné par de telles vérités. Pour le président Embaló, même si les deux défunts présidents libyen et irakien étaient des personnes « néfastes », « il y avait la paix (sous leur régime, ndlr) ». « Maintenant (qu’ils ont été liquidés), comment acheter la paix ?», s’interroge Embaló, dubitatif.
Créé en 2018, le Forum de Paris sur la paix, qui se déroule chaque année dans la capitale française a été, pour cette présente édition, un moment de dialogue et d’échanges sur les questions de gouvernance mondiale et de multilatéralisme, sous le thème « Surmonter la multicrise ». Dans l’une de ses différentes interventions, le président Macron est également revenu sur la question migratoire en plaidant une vigoureuse coopération internationale autour de la question.
« On a besoin de coopération pour prévenir l’immigration et de lutter contre les inégalités qui les produise ; on passera un temps fou à essayer d’avoir un traitement des symptômes. Je suis profondément convaincu que la coopération internationale est nécessaire ». Mais, comment doit-elle se décliner ? Le sentiment antifrançais grandissant ne découle-t-il pas de ce constat de plus en plus alarmant d’une boulimie française dans la dilapidation des ressources africaines par l’ancienne métropole, sous le regard complices de certains dirigeants africains ? Poser la question, c’est sans doute y répondre !